Comble du corps de logis du XV – Etat des lieux à l’acquisition

Sol


Il n’y a jamais eu de carrelage dans le comble, seulement de la terre battue, du foin sur des barreaux de châtaigner tout du long, sans aucune protection. Il était d’usage en pareil cas d’appliquer un durcisseur : le sang de boeuf.

Le sol est très dégradé et plusieurs articles de chantiers y seront consacrés.

Murs


Le mur forme en « renchaussement », ou surcroît de 60 cm au- dessus du sol. Il est moindre que dans l’aile nord ou le mur de renchaussement mesure 70 cm. Cette variation se retrouve d’ailleurs dans la différence de hauteur sous solive des pièces du premier étage. Sur le mur sont posées deux sablières. L’une borde l’arête intérieure du mur, l’autre est posée à environ 10 ou 15 cm de l’arête extérieure du
mur ce qui laisse la place à la corniche qui a disparu. Ces doubles cours de sablières sont attachées l’une à l’autre par des liens posés sur le mur, à raison d’un par chevron.

Lien vers l’article du chantier de rénovation des sablières.

Porte sur tour d’escalier

A la jonction du mur avec la tour d’escalier se trouve une porte dont le cadre se situe côté escalier. L’ouverture mesure 98 cm de large sur 1,80 de haut. Dans le montant Est de l’ébrasement restent les deux gonds d’origine.

En face, dans le montant ouest de l’ébrasement, on voit encore le trou pour la serrure. A la plupart des portes du logis on remarque qu’au-dessus des gonds, la feuillure a été recreusée (de manière très sommaire) de façon à pouvoir ôter les vantaux. Ce n’est pas le cas ici, ce qui semble être une preuve que les creusements du rez-de-chaussée et du premier étage ne sont pas d’origine. Le couvrement de l’ébrasement était un linteau en tuffeau dont il ne reste que les sommiers. La pierre centrale a disparu. On voit dans les sommiers un creusement qui montre qu’une planche de bois avait mise sous le linteau pour le porter car il a dû présenter des signes de faiblesse avant de tomber.

Dans l’ébrasement ouest existe une inscription : 1841. Sur l’élévation nord de l’ébrasement est marqué : Miard 1863.

Enfin, sur une pierre de tuffeau formant l’angle extérieur de la tour, regardant le nord-ouest, sont gravées deux inscriptions :


1° au-dessus :

« Benjamin Mauduit 1875
a entré au château en 1863
et sorti en 1883 »

2° au-dessous :

gastri segureau
a réparé le chato
an 1797
l’an sainque
de la république
de menville
propriétaire
pour la somme
de 17100 livres

Lucarnes

Lucarne Est

On observe dans la charpente les stigmates d’une lucarne au-dessus de la chambre Est. Il existe en effet un chevêtre qui arrête cinq chevrons, soit quatre espaces entre chevrons, au total une largeur de chevêtre de 2,47 m qui correspond approximativement à la largeur du massif de maçonnerie, attendu que l’ouverture devait mesurer 1,60 m de large, comme au premier étage, avec environ 50 cm de maçonnerie de part et d’autre de l’ouverture.
Autre preuve de l’existence de la lucarne : le pied de chevron, à droite de la lucarne, fortement pourri, comme toujours en pied de noue. Le pied de chevron à gauche n’est plus lisible car il a été refait.

Lucarne ouest

On observe dans la charpente les stigmates d’une lucarne au- dessus de la fenêtre de la chambre ouest. Le chevêtre arrête six chevrons, soit cinq inter-chevrons, ce qui est trop large, certes, mais on observe dans le chevêtre deux mortaises qui ont servi à assembler les deux chevrons de rive de la lucarne et qui délimitent une largeur de 2,25 m. cette largeur doit correspondre très exactement à la largeur totale de la maçonnerie de la lucarne. On ne peut pas vérifier si le pied des chevrons a pourri à cause de l’afflux d’eau de la noue car ils ont été remplacés. A noter que d’après l’état du sol, le chantier de réfection de celui ci montrera probablement des dégâts des eaux.

Mesurée entre l’arase du mur sud et le dessous du chevêtre, la hauteur totale de la lucarne est de 2,70 m.

Les sablières et pieds de lucarnes ont été restauré voir l’article qui est dédiés à ces travaux .

Porte vers le comble de l’aile nord

A l’aplomb de la façade nord, il existe une structure de charpente formant tout un pignon sud à l’aile nord en retour d’équerre, pignon construit en colombage et torchis. Le torchis a disparu. Au milieu de ce
pignon, une porte est assemblée. Elle se situe exactement en face de la porte de l’escalier en vis.

La structure de la porte été modifiée mais les mortaises d’origine encore visible à droite (Est) permet de déterminer l’ouverture : 95 cm de large sur 2,10 m de haut. Les deux montants verticaux de la porte montaient jusqu’à l’entrait de la ferme où l’on voit encore les mortaises. Le tirant a plusieurs autres mortaises destinées à recevoir d’autres colombes. Dans les chevrons de cette ferme, il y a aussi
des mortaises montrant que des pièces de bois horizontales formaient toute une structure pour tenir le torchis. L’intrados des chevrons et des jambettes est soit rainuré soit percé de trous pour les barreaux du torchis. De même pour les colombes verticales. Toute cette structure de pignon est impeccable, sans aucune trace de terre. A se demander si le torchis a jamais été fait. Pourtant, il est certain que la séparation des greniers est une chose utile pour le stockage du grain.

Pignon ouest


Grâce à un trou traversant, il est possible de mesurer l’épaisseur du pignon ouest : 75 cm.
Il est construit en moellons cassés et ocres, comme tout les corps de bâtiment du XVe siècle, avec un mortier de chaux très ocre, coloré par le sable de même extraction que la pierre. Le mur n’est pas du tout enduit mais les joints sont parfois un peu bouchés. Il n’existe aucune ouverture dans le pignon.

Le tuyau de cheminée a manifestement été reconstruit, avec des chutes de tuffeau et avec un mortier beaucoup plus blanc, c’est-à-dire avec un sable d’une autre provenance. Le tuyau est plaqué contre le mur et non enté dedans comme cela aurait été le cas s’il avait été d’origine. Cela ne vaut d’ailleurs que pour le conduit de la cheminée XVIIIe, c’est-à-dire celle du premier étage. Le conduit qui vient du rez-de-chaussée est à l’intérieur du pignon (il ne fait pas ressaut comme le conduit du premier étage).
On observe aussi pas mal d’enduit blanc sur la rive sud, ce qui montre une réfection réalisée sans doute au XVIIIe.

Pignon Est

On ne peut déterminer l’épaisseur de ce pignon, faute de trou traversant. Il est construit en moellons cassés de couleur ocre, avec un mortier de chaux au sable très ocre, tout entier d’origine. La rive nord et son chevron sont également d’origine. Le tuyau de cheminée du rez-de-chaussée est intégré dans
l’épaisseur du pignon. Le conduit de la cheminée du premier étage est en saillie et sa maçonnerie est bien liée au pignon. Ce sont bien les restes de la maçonnerie du XVe qui restent en place, mais le devant du conduit a été démoli en même temps que la hotte de la cheminée du premier étage. En partie haute on voit que les deux conduits se terminent au sommet en briques fines

Il existe une porte communiquant vers le comble de l’aile Est du XVIe siècle. Son cadre est chanfreiné et entoure une ouverture de 80 cm de large et 1,80 m de haut qui a été entièrement murée lors de la démolition du haut de l’aile Est avec un mortier très blanc. Le seuil de la porte est aligné avec le dessus du tirant. On aperçoit sur le tirant les marques d’un petit escalier de meunier cloué pour monter vers cette porte de communication. Le cadre est construit en tuffeau.

Le linteau est en deux pierres ou une pierre cassée. L’enduit autour de cette ouverture est plus clair que celui d’origine, ce qui prouve bien que le percement est postérieur à la construction du logis XVe. Il date évidemment de l’époque ou l’aile été construite, au XVIe siècle

Côté extérieur, on voit très bien cette porte sous un linteau en bois.

Charpente du logis principal

La charpente du principal corps de logis est tout à fait caractéristique des ouvrages de la fin du XVe siècle. Elle reproduit le système des chevrons formant ferme. Il existe aussi deux maîtresses fermes : une
devant chaque pignon. Par maîtresse ferme, il faut entendre une ferme composée de deux chevrons et un entrait – comme les autres – plus un tirant placé à 60 cm du sol et un poinçon montant de fond, au sommet duquel est assemblé la sous faîtière.


La numérotation en chiffres romains de la charpente commence à l’Est, les chiffres de droite (en I) au sud et les chiffres gauche (en Y) au nord. La numérotation n’est appliquée que sur les extrémités des entraits
et en face sur le chevron. Elle n’est pas répétée en bas des chevrons, mais on la trouve également sur les jambettes. D’ailleurs, cela permet de voir que beaucoup de jambettes ont été remplacées.
La maîtresse ferme Est n’est pas numérotée, le I est appliqué à la ferme qui suit.
Les entraits sont à 4,80 m au-dessus du sol. Les chevrons ont 13 cm d’équarrissage. Leur entraxe est de 66 cm en moyenne. C’est-à-dire qu’il y a trois chevrons sous latte. La pente de la toiture atteint 58 ° tant au nord qu’au sud.

La majorité du texte provient de l’étude historique rédigée par Damien Castel, 4ème trimestre 2014
Tous droits de reproduction (texte et images) sont réservés

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