Chambre du XVIème de l’aile Est – chantier 09 – Restauration de la cheminée.

Nous nous retrouvons à nouveau aujourd’hui dans la pièce du XVIᵉ siècle de l’aile Est du Manoir de la Chevallerie.
Depuis plus d’un an, nous y menons une série de restaurations successives, patiemment, ouverture après ouverture, pierre après pierre.

Un chantier au long cours

Liens vers les différents articles de la série :

  1. Etat des lieux.
  2. Déplacement de la chaudière
  3. Ouverture de la porte Sud
  4. Préparation du sol
  5. Restauration de la porte Est
  6. Pose des pavés sur le sol
  7. cet article – restauration de la porte Sud
  8. Restauration de l’ouverture Nord
  9. Restauration de l’ouverture Sud
  10. Restauration de la cheminée
  11. Restauration des murs et plafonds
  12. détails sur l’occulus et les faux appareillages
  13. Fin – restitution des travaux

La cheminée du XVIᵉ siècle

Après avoir évoqué les ouvertures et le sol, vient le moment de nous intéresser à l’un des éléments majeurs de cette pièce : la cheminée.
Véritable témoin du XVIème siècle, elle conserve les marques du style et de la technique de son époque.

Pour rappel : voir l’article précédent sur la restauration des ouvertures ou l’état des lieux

Une cheminée d’époque Renaissance

Datant manifestement du milieu du XVIᵉ siècle, la cheminée arbore sur sa hotte le blason des Tiercelin, famille seigneuriale qui quitta la Chevallerie vers 1575

Les cheminées de cette période reprennent encore certains traits du XVe siècle :

  • un foyer haut,
  • des jambages en colonnette,
  • des corbeaux en pan coupé ou en console moulurée,
  • un linteau chanfreiné ou mouluré,
  • et, innovation du XVIᵉ, une barre de fer placée derrière le linteau pour soutenir la hotte.

un peu de vocabulaire pour suivre le reste de l’article

Image explicative des éléments d’architecture d’une cheminée du XVIᵉ siècle, avec légendes

Le décor sculpté

Sur la hotte, un cartouche ornementé de rinceaux de rubans et de feuilles d’acanthe entoure le blason des Tiercelin surmonté de sa couronne.
Bien que buriné à la Révolution, sans doute à l’époque de la Terreur, le motif reste lisible et d’une grande finesse.

Image du cartouche sculpté

Description architecturale

Toute la cheminée est composée de tuffeau.
Les jambages sont des colonnettes engagées, posées sur des bases moulurées en boudin.
Les corbeaux adoptent une forme de console moulurée, comparable à celle de la “chambre à la colonne”.
Le linteau, décoré d’une arête quarrée, soutient une hotte peinte de faux joints, qui recouvrent parfois les véritables joints de maçonnerie.
Enfin, la corniche supérieure présente un profil directement inspiré du classicisme antique.

État des lieux à notre arrivée

Lorsque nous avons découvert la pièce, elle servait depuis longtemps de local à chaudière et d’espace de stockage.

Image de la cheminée à notre arrivée

Image de la cheminée au tout début des travaux

Même vue après restauration du sol

Les corbeaux et le linteau se sont révélés en bon état, mais le jambage droit et sa base étaient très détériorés, de même que le contre-cœur du foyer.

Diagnostic et intervention

Un diagnostic précis a été réalisé par le tailleur de pierre Alain Roguet (Pervenchères).
Son objectif : conserver le maximum de pierre saine tout en consolidant les zones fragilisées.
Un peu comme chez le dentiste, il s’agissait de greffer plutôt que remplacer.

diagnostic du tailleur de pierre

Il a été décidé de :

  • remplacer entièrement la base droite,
  • greffer une nouvelle pierre sur la partie haute du jambage,
  • et reconstituer le contre-cœur pour redonner cohésion à l’ensemble.
zones en cours de remplacement – base droite et bas du jambage

Les étapes de la restauration

Remplacement de la base

Reprise du bas du jambage

Greffe de pierre

Une fois ces opérations terminées, une remaçonnerie du contre-cœur a permis de redonner toute sa stabilité et son allure à l’ensemble

Avant / Après

Le résultat parle de lui-même :
une cheminée raffermie, équilibrée et lisible, retrouvant la noblesse de ses proportions d’origine.

Remerciements

Alain Roguet, tailleur de pierre à Pervenchères, pour son savoir-faire et la délicatesse de son intervention

remerciements à Samuel Gatouillat, sur ce chantier (et sur bien d’autres ! )

les mains sachantes

Et la suite ?

La restauration des ouvertures Sud et Nord est arrivée à son terme (sauf pour les fenêtres définitives)
Prochaine étape : la restitution complète de la pièce, murs et plafonds compris, pour redonner à cet espace son atmosphère du XVIᵉ siècle.

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