On trouve dans l’étude historique du manoir de la Chevalerie rédigé au Mans par Damien Castel, 4ème trimestre 2014 des références quant à l’utilisation des pavés.
Pour revêtir les sols de toutes les pièces du château, des pavés de terre cuite sont posés sur une chape de chaux et sable. On trouve une illustration de cette règle dans le marché de construction de Bonnétable en
1480 :
« paver tout ledit logis et court dudit chasteau ».
Toutes les expertises de maisons seigneuriales des environs mentionnent ces pavages. Par exemple au Vieux Lavardin (abandonné depuis le début du XVIe siècle), dans un document de 1743 :
« Dans la salle l’aire est de petits carreaux de terre cuite ».
« Dans le petit réduit, L’aire est de petits carreaux de terre cuite ».
« Dans la chambre au-dessus de la salle, l’aire est pavée de petits carreaux de terre cuite ».
Etc.
Ou plus près, au manoir de la Raturière (bâti à la fin du XVe siècle et abandonné au XVIIe siècle), une montrée de 1732 indique :
« Premièrement qu’au château de la Raturière, paroisse de Tresson, ils ont entré dans deux chambres hautes l’une à cheminée, l’autre sans cheminée … Qu’il manque dans lesdites deux chambres environ 90 petits pavés ou carreaux ».
Il en est de même dans les églises. En 1679, par exemple, la fabrique de Saint Gervais de Vic dépense :
« un tombereau de terre et un cent de pavé pour paver ladite église ».
On remarque dans les expertises du Vieux Lavardin et de la Raturière (qui sont deux maisons seigneuriales du XVe siècle) les expressions « petits pavés », ou « petits carreaux ». Ceci désigne
précisément des pavés de « petit échantillon », de petit format. Par chance, la visite et montrée rédigée le 16 ventôse an à la Chevalerie donne la mesure précise :
« Qu’à la place de la maison il manque cinquante pavés de terre cuite de quatre pouces au carré estimé compris la main d’oeuvre cent sols ».
Quatre pouces, cela donne 11 cm de côté pour les pavés d’origine de la Chevalerie. Ce sont bien des « petits pavés », par rapport aux modèles de 13 cm qu’on trouve aussi aux XVe/XVIIe siècles ou aux modèles de 16 cm qui caractérisent le XVIIIe siècle, ou de 21 cm qui sont beaucoup employés aux XVIIIe et XIXe siècles.
La même visite de l’an 2 atteste de ce que le premier étage est également carrelé en terre cuite :
« Que dans la chambre haute sur ladite maison, il y a quarante carreaux de pavés de terre cuite à replacer, estimé compris la main d’oeuvre trente sols ».
Il n’est pas rare qu’au XVe siècle, les pavés soient estampés de motifs décoratifs mais les exemples qui subsistent sont rares. La Chevalerie en conserve encore quelques uns, situés au premier étage (dans la chambre de retrait Est et le salon). Ils présentent deux motifs. Le premier compte quatre fleurs de lys disposées dans les angles du pavés de façon radiante ce qui créée au milieu une croix pattée. Le second modèle ne montre qu’une fleur de lys, plus grande, avec une boule sous chaque feuille, cantonnée de quatre quartefeuille en angle.

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Bravo ! Beau travail de rédaction sur un beau travail (magnifique) de restauration !
Bien amicalement.
Eric D
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