Salle d’entrée de la Chevallerie – rez-de-chaussée – Etat des lieux à l’acquisition

Appelée « Salle » dans l’étude Historique de Damien Castel, « SAlle à manger» sur les plans par G.Trouvé architecte du patrimoine.

La salle se situe dans la partie ouest du rez-de-chaussée, adossée au pignon ouest

La salle est la pièce principale de l’habitation seigneuriale. En cette fin de Moyen Age, elle a toutes les fonctions : pièce où les visiteurs sont introduits, on peut y manger, et souvent aussi y dormir. C’est généralement la plus grande et la plus haute pièce du logis, celle où la cheminée est la plus grande et les fenêtres les plus nombreuses.

Sol

Pavage

Le niveau du sol est aujourd’hui identique au niveau de l’entrée de l’escalier. Cependant, à l’occasion de reprises faites au carrelage actuel, près de la cheminée et du mur nord, il a été trouvé un niveau inférieur de pavés anciens, petits, situé environ 15 cm au-dessous du sol actuel. Ceci ne laisse pas d’étonner, car on imagine mal que la salle se soit trouvée à un niveau inférieur de l’entrée de l’escalier et des pièces qui l’accompagnent dans l’aile nord en retour d’équerre. Ceci pose donc la question de savoir si le niveau du sol de l’escalier, à la porte d’entrée de la cour, n’a pas été relevé aussi de 15 cm. Même questionnement d’ailleurs pour la garde-robe à l’arrière de la salle.

Les transformations du sol datent manifestement des premières années du XXe siècle, lorsque le carrelage actuel, très régulier, a été mis en place. Il s’agit de pavés anciens de terre cuite, de 16 cm de côté, posés de façon très régulière par rangées parallèles à la façade. Quelques pavés sont cassés devant la cheminée.
A l’origine, on trouvait ici des pavés de 11 cm de côté, comme l’indique la visite et montrée du 16 ventôse an 2 :

« Qu’à la place de la maison il manque cinquante pavés de terre cuite de quatre pouces au carré estimé compris la main d’oeuvre cent sols ».

Trappe d’accès à la cave

Dans l’angle nord-est de la pièce se trouve une trappe qui découvre l’escalier descendant à la cave. Le cadre et le vantail de la trappe ne datent que du début du XXe siècle. L’ouverture au sol mesure 62 cm de large (le long du mur Est) sur 148 de long (le long du mur nord) à peine plus que ce bout de mur devant la porte de la dépense. L’escalier se compose de neuf hautes marches de pierre de taille descendant vers la porte de la cave. Cette descente de cave a été modifiée au début du XXe siècle lorsque le sol de la salle a été remonté de 15 cm. Il a fallu y ajouter la dernière marche, celle 22 11 cm de côté qui se trouve devant la porte du cabinet.

il n’existe pas de photos de la trappe ou de la porte du cabinet. les deux éléments sont cachés par le paravent sur la photo ci dessus.

Dans son état d’origine, cet escalier était par conséquent un peu plus court (d’une marche) et ne gênait donc pas l’entrée du cabinet. La trappe ne mesurait sans doute pas davantage de 125 cm de long.

Fenêtre Sud

L’ouverture de la fenêtre mesure 1,62 m de large et 1,84 m de haut. L’allège mesure 95 cm. Elle avait à l’origine 15 cm de plus, puisque le sol était plus bas qu’aujourd’hui. Le cadre extérieur de la fenêtre présente une profondeur de 27 cm. Le meneau et la traverse sont larges de 24 cm. Les dimensions du quart inférieur de l’ouverture sont de 69 cm de large sur 94 de haut. Celles du quart supérieur : 69 cm de large sur 69 cm de haut. Autrement dit, le quart ouvrant supérieur plus la largeur de la traverse est égal à l’ouvrant du bas.

Par conséquent, le tailleur de pierre divise la hauteur de l’ouverture de la fenêtre en deux : la moitié inférieure est totalement ouverte ; la moitié supérieure se partage entre traverse et ouvrant.
Le cadre intérieur de l’ouverture est encadré de tuffeau, avec un couvrement en arc segmentaire appareillé.

Contrairement à la plupart des fenêtres du XVe siècle, il n’existe pas à la Chevalerie de coussièges dans l’ébrasement, ni aucun stigmates. Les vantaux anciens ont disparu. Le type de menuiserie mis en
place au XVe siècle a été décrit au chapitre des techniques constructives.

Porte vers la tour

La porte présente une ouverture sur l’escalier de 88 cm de large sur 1,91 m de haut. Côté escalier, le cadre présentait à l’origine une arête chanfreinée, mais cette arête est très usés, seul reste l’angle supérieur
gauche (en regardant de dehors). Vu de l’intérieur de la salle, le montant gauche de l’ébrasement
gauche correspond au mur de refend. Le montant de droite est en tuffeau.
On y voit en creux les stigmates d’un ostevent.

L’ébrasement est couvert d’une voûte en arc segmentaire appareillée en tuffeau.

Le vantail actuel ne date que des dernières années du XIXe ou du début du XXe siècle. Au sujet du vantail d’origine, l’acte de visite et montrée du 16 ventôse an 2 indique :

« Que toutes les portes sont en passable état, qu’il n’y a que
celle de la maison qui ait une serrure »

Cheminée

La cheminée, décentrée vers le sud, a un foyer de 1,95 m de large.
Dans le contre foyer se trouve une ouverture de four à pain. Elle ne date évidemment pas de l’origine, car au XVe siècle, le four à pain était certainement situé à l’extrémité d’un autre corps de bâtiment, non attaché à l’habitation.


Au sujet du foyer et de l’entrée du four, l’acte de visite et montrée du 16 ventôse an 2 précise :


« Que pour réparer le devant du feu, il faut pour oeuvre et matière la somme de 4 livres
Que le four est en passable état ».


Le tuyau de la cheminée monte tout droit jusqu’au sommet du comble et passe derrière celui de la cheminée du premier étage. La cheminée XVe de la salle L’ornement de la cheminée est réalisé en pierre de Nuillé/Soulitré.
Les jambages prennent la forme d’une colonne engagée cantonnée d’une colonnette fine engagée. Le corbeau au-dessus est mouluré avec un pan coupé entre deux bourrelets. Le linteau est décoré de deux corps de moulures et d’une arête inférieure quarderonnée. Les retours des sommiers sont en angle droit
(c’est-à-dire pas qu’il n’existe pas d’épaulement en biais) et arrondis. On trouve cependant un léger épaulement biais dans l’angle du sommier formé avec le mur pignon. La hotte ne présente pas d’arc de décharge, aucun décor et la moulure supérieure, qui s’applique contre le chevêtre du plancher, est très
fine. C’est ce qui a pu faire penser que la cheminée avait été reprise. Pourtant, les exemples de hotte sans arc de décharge sont nombreux au XVe siècle.
Le tuffeau a été blanchi puis badigeonné avec noir de cendre et reblanchi plusieurs fois.
Des réparations par des agrafes de fer existent sur la plate bande du linteau.

Fenêtre Ouest

A droite de la cheminée a été percée une demi-fenêtre, tardivement, sans doute au XVIe siècle. C’est à l’extérieur que l’on constate le caractère tardif du percement, du fait de la différence de l’enduit qui l’entoure.

Elle donne sur la belle vue ouest. L’ouverture mesure 78 cm large sur 1,91 m de haut (mesuré dehors). Mais elle a été depuis murée. Cependant, côté intérieur, son existence est signalée par la surépaisseur d’enduit.

Porte nord

Il n’existe qu’une seule ouverture sur ce mur contre lequel on devait poser le lit à baldaquin : une petite porte qui s’ouvre sur le cabinet. Le vide de cette porte mesure 69 cm de large sur 1,81 m de haut.

Porte de la salle du rez-de-chaussée vers son cabinet Les montants verticaux sont moulurés en creux et d’un quart de rond au milieu. Toutes les autres arêtes des montants sont seulement chanfreinées.
Les plates bandes des panneaux sont ressorties. On y trouve encore un très ancien vantail en bois de chêne, le seul subsistant dans la salle, composé de montants et de traverses moulurés, de quatre panneaux à plates bandes. Les pentures à l’arrière sont de forme rectangulaire et pivotent sur les gonds d’origine. A la place de la serrure a été clouée, à clou forgé (donc très anciennement) une petite
clenche forgée. La traverse du bas a été amputée d’une partie de sa hauteur (sans doute 15 cm) lorsque le sol de la salle a été remonté.

Porte au centre du mur Est


Une porte se trouve vers le centre de ce mur. Elle semble avoir été percée tardivement.
L’ouverture mesure 72 cm de large sur 1,78 de haut, sur un seuil de 14 puisque la chambre est plus haute de 14 cm que la salle. Mais lorsque la salle était plus basse de 15 cm, il devait y avoir en plus une marche
devant le seuil.


Du côté de la salle, la porte présente un cadre chanfreiné en tuffeau. Ses arêtes sont très usées et ne laissent plus voir un éventuel congé. Le couvrement est un linteau appareillé. L’ébrasement se trouve côté
chambre. C’est la forme de cet ébrasement (non pas un arc segmentaire mais un linteau droit appareillé) qui fait penser à une ouverture postérieure à la construction, réalisée par exemple dans la seconde partie du XVIe siècle.

On peut voir des traces d’ostevent dans l’angle nord-est.

Dans l’angle nord, on voit sur ce mur ouest des traces de cloisons rebouchées montant du sol au plancher. On voit la même chose sur le mur nord : ce sont là les traces du rebouchage d’un tambour de menuiserie avec pilastres s’affinant vers le haut à choux frisés qui entourait la descente d’escalier vers les caves dans l’angle de la pièce.

La majorité du texte provient de l’étude historique rédigée par Damien Castel, 4ème trimestre 2014
Tous droits de reproduction (texte et images) sont réservés

3 réflexions sur “Salle d’entrée de la Chevallerie – rez-de-chaussée – Etat des lieux à l’acquisition

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